Violence et dépendances : comprendre pour se protéger – quand la double stigmatisation frappe

23 octobre 2025

Lorsqu’une femme est victime de violences basées sur le genre, elle est souvent confrontée au silence, à l’incrédulité et à la culpabilité imposés par la société. Mais si elle traverse en plus une situation d’addiction, le poids de la stigmatisation s’accentue. La double stigmatisation vécue par les femmes victimes de violence et en proie à des addictions constitue une forme de violence sociale invisible, qui les soumet à un double jugement social. À l’étiquette de « victime » s’ajoute celle d’« addict », et ensemble elles alimentent des préjugés qui réduisent le silence, isolent et compliquent l’accès à l’aide.

Tout cela s’alimente de mythes qui opèrent dans les deux domaines, par exemple :

  • Le témoignage n’est pas pris au sérieux : la consommation est utilisée pour diminuer la crédibilité de sa parole.
  • Le refus d’accès à une ressource d’hébergement : certains centres spécialisés dans les violences basées sur le genre refusent les femmes en état de consommation active.
  • Dans les soins liés aux addictions, la violence est ignorée : on s’attache uniquement à « faire arrêter la substance » sans traiter le traumatisme.
  • Culpabilisation double : « Si elle ne consommait pas, il ne la frapperait pas » ou « Si elle n’était pas avec lui, elle ne consommerait pas ».
  • Risque accru de vulnérabilité : l’agresseur utilise les drogues comme outil de contrôle ou d’échange.
  • Silence par crainte du jugement : on ne porte pas plainte par peur d’être étiquetée d’abord comme « addict » puis comme « victime ».
  • Exclusion des réseaux de soutien : la famille et les amis s’éloignent en pensant qu’elle n’a plus d’espoir de s’en sortir.

Pour transformer cette réalité, il faut changer le regard de la société. Il ne s’agit pas de voir les femmes comme responsables de leur situation, mais comme des survivantes qui affrontent des multi-violences : celle de leur agresseur, celle de l’addiction et celle du stigma social.

Nous avons besoin d’une prise en charge intégrale et sans préjugés, qui place la femme au centre et non l’une des problématiques qu’elle traverse. L’enjeu est de proposer des soutiens globaux, avec une perspective de genre et sans jugement, qui prennent en compte simultanément la violence, la santé mentale, les addictions (et la maternité lorsqu’elle est présente).

Cette publication s’inscrit dans le cadre du projet « Femmes conscientes II » (sensibilisation spécifique pour les femmes en difficulté avec les addictions), financé par le Ministère de l’Égalité via la Délégation du Gouvernement contre les violences envers les femmes.

Thomas Leroy

Thomas Leroy

Je m’appelle Thomas Leroy et je suis le rédacteur de Placebo. Médecin de formation et passionné par le journalisme, j’ai choisi de créer ce média pour apporter une information claire et indépendante sur la santé et les addictions. Chaque jour, je m’engage à rendre accessibles des sujets complexes afin d’aider chacun à mieux comprendre et agir.